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Vous trouverez ci-dessous des informations complémentaires sur Bellieni qui ne sont pas parues dans le livre. Elles ont été publiées dans le bulletin du club depuis la parution du livre.

Informations complémentaires

A propos de Schiavetti-Bellieni! (bulletin N° 164)
Compléments sur la Maison Bellieni (bulletin N° 165)
De vieux papiers intéressants (bulletin N° 166)
Le Trésor de la Maison Bellieni (bulletin N° 167)
Dernières précisions sur Bellieni (bulletin N° 168)


A propos de Schiavetti-Bellieni!
A propos de Schiavetti-Bellieni!
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(art001)

En répondant à une annonce pour une paire de Jumelles de Marine Bellieni, je ne pensais pas tomber sur une pièce pouvant lever un nouveau voile sur les turpitudes de l'entreprise Bellieni. En effet à réception de celle-ci, à mon grand étonnement, cette dernière mentionnait dans les oeilletons "Schiavetti-Bellieni à Brest". Pour ceux qui ont acquis et lu mon ouvrage sur le constructeur Bellieni, le nom de Schiavetti ne leur est pas tout à fait inconnu. En revanche la ville de Brest est une énigme.
Après recherche et enquête, je vous propose de suivre une chronologie pleine de rebondissement qui démontre que les histoires de familles recomposées ne date pas de ce début de XXI° siècle.
Lorsque André-François Bellieni au début du XIX° siècle se marie en Italie avec Jeanne Taechi, la soeur de cette dernière Lucrèce, se marie avec Jacques Schiavetti. Les deux couples ont des enfants Légitimes. La branche Bellieni donne naissance à Marie Catherine Bellieni (21 Octobre 1814) et en parallèle la branche Schiavetti voie naître Bernard Schiavetti (21 août 1813).
A la mort de sa première femme en 1820, André-François Bellieni, fait venir sa fille Marie Catherine à Metz. Elle est élevée avec Charles Gimel son demi frère par Marguerite Joséphine Gimel qui épouse André François en 1821. Ce second mariage très mal vue par la famille italienne aboutira sur l'interdiction à la branche Gimel de porter le nom Bellieni. Seul Henri Bellieni, fils de Charles Gimel, retrouvera ce droit dans la première décennie du XX° siècle.
Le 13 Janvier 1836, Bernard Schiavetti épouse en première noce à Metz sa cousine germaine Marie Catherine Bellieni. Le nouveau couple porte le nom de famille composé Schiavetti-Bellieni.
A la mort d'André François en 1843, l'entreprise Bellieni à Metz est sous la coupe de deux héritiers et lorsque Charles Gimel développe en 1849 le télégraphe électrique (père du fax moderne) avec Bernard Schiavetti, ce dernier est son associé propriétaire à 50% par sa femme de l'entreprise messine.
On peut supposer que les tensions familiales ont amené les deux familles à se séparer à l'amiable en créant dans un premier temps une succursale Bellieni dans le Port de Brest.
Dans un second temps est compte tenu des distances, cette succursale est devenue l'entreprise d'optique "Schiavetti-Bellieni à Brest".
La première trace retrouvée par votre serviteur sur l'entreprise de Brest est la mention, dans la revue du génie militaire 1909, d'un courrier du Colonel Goulier daté du 3 janvier 1859 à M. Schiavetti opticien dans le port de Brest.
La seconde, plus récente, date de 1872, il s'agit de sa nécrologie. Cette dernière le décrit comme un inventeur ingénieur de génie à qui il a manqué la chance et le don du commerce.
On lui doit la création de nombreux prototypes de matériel pour la marine développés avec les savants militaires de Brest. A sa mort en 1872, il est décrit comme un homme usé par ses revers et ses difficultés familiales dont la principale serait la folie de sa femme Marie-Catherine Bellieni.

Par cet article, j'apporte un premier complément d'information et une première correction sur l'ouvrage H. Bellieni Histoire d'un industriel Lorrain. Celle-ci n'est pas stratégique pour les iconomécanophile que nous sommes mais elle permet de mieux appréhender l'histoire de l'entreprise.

Compléments sur la Maison Bellieni
Compléments sur la Maison Bellieni
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(art002)

La présence du Club en avril dernier à la manifestation photographique du CRI à Nancy a été l'occasion de rencontrer des collectionneurs, proches ou descendant de la famille Ritter, tous intéressés par Henri Bellieni.
Deux nouveaux ouvrages de photos réalisées avec la jumelle Bellieni ont pu être identifiés.
Le premier qu'il nous a été proposé de voir et photographier est une réédition des 100 vues de Nancy paru en 1896. Cette nouvelle édition offerte par la Compagnie du Gaz de Nancy a été imprimée pour le 34ème Congrès de l'industrie du Gaz en France organisé à Nancy (1917 ?)
Le second est une nouveauté en édition originale de 1898.Il est dans un format identique à la série présentée dans l'ouvrage sur Bellieni et a pour titre "Les Villes d'eaux de l'est". Il y est décrit en photo et en textes l'intérêt des 9 villes thermales de l'Est en vogue à la fin du 19ème siècle. On y retrouve ainsi Bains les Bains, Bourbonne, Bussang, Contrexéville, Luxeuil, Martigny, Plombière, Sermaize et Vittel.
Une boîte de plaque de la société Lumière commercialisé par la Maison Bellieni et une pochette Bellieni Ritter ont été également acquise. La boîte de plaque démontre encore une fois l'effort de communication fait par Henri Bellieni et l'utilisation de tout support pour faire de la publicité.

De vieux papiers intéressants
De vieux papiers intéressants (1)
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(art003 (1))

De vieux papiers intéressants (2)
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(art003 (2))

De vieux papiers intéressants (2)
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(art003 (3))

Lors du passage du Club à la manifestation du Conservatoire Régionale de L'Image à Nancy, j'avais eu la chance de rencontrer Jacqueline Ritter veuve de Robert Ritter petit fils de Paul Ritter successeur de Henri Bellieni. Elle a accepté de me rencontrer et nous avons pu échanger entre collectionneurs. Sa collection, centrée sur l'optique et la géodésie, provient principalement des greniers de la maison Bellieni Ritter basée au 1 place Carnot à Nancy. Elle a ainsi pu sauver de vieux goniomètres, boussoles nivelantes, alidades, etc... et surtout quelques rares manuscrits qui nous permettent à ce jour de mieux appréhender le fonctionnement et la dimension de la Maison Bellieni.
Le premier manuscrit date de 1855. Il a été rédigé par Monsieur Goulier, alors capitaine du génie et professeur à l'Ecole impériale d'application de l'artillerie et du génie à Metz. Il fait l'éloge du savoir faire de Charles Gimel dit Bellieni à l'occasion de l'exposition universelle de 1855 où Charles Gimel reçut une médaille de deuxième classe pour la qualité de ses fabrications. Il insiste sur le fait qu'aucune des pièces exposées n'a été réalisée spécifiquement pour l'exposition. On y apprend que la Maison Bellieni à Metz dispose déjà d'un magasin de revente de qualité et que Charles Gimel en tant que fabriquant réalise lui-même :
1° Toutes sortes d'instruments en verre, baromètres, thermomètres, manomètres, aéromètres, etc.,
2° Exceptionnellement des instruments de physique et de mécanique de tous genres,
3° Les instruments de topographie qui exigent du soin et de la précision comme les boussoles nivelantes, les alidades, les boussoles, les niveaux à lunette, les niveaux à eau, etc.
Deux manuscrits de textes identiques et non datés décrivent l'historique de la maison Bellieni et ses fabrications. Une allusion à l'exposition de l'administration forestière en 1878 permet de situer le document entre 1878 et 1889.
A cette époque, la Maison Bellieni est à Nancy et fabrique des niveaux à collimateur, des niveaux à lunette, des boussoles, des théodolites, des cercles répétiteurs, des déclinatoires, des alidades et des mires.
Le dernier manuscrit, le plus intéressant, est rédigé par Henri Bellieni pour présenter son entreprise aux membres du jury de l'exposition de 1889 où il obtint une médaille d'or. Il est installé alors au 17 place de l'académie qui deviendra la place Carnot.
Dans cette présentation, Henri Bellieni insiste sur l'importance du négoce dans l'équilibre financier de son entreprise.

Pour la fabrication, il occupe régulièrement dix ouvriers dirigés par Jules Crépin, contremaître et ancien élève de son père. Il dispose d'un atelier de traitement thermique, de nickelage et d'argenture, d'un atelier de mécanique équipé de neuf tours dont cinq parallèles, une machine à diviser les cercles, deux machines à diviser les lignes et une machine à tracer les traits parallèles et d'un atelier de menuiserie ébénisterie pour la réalisations des boîtes de rangement, des mires et des pieds supports.
En 1889, la Maison Bellieni est fournisseur du Génie, de l'administration Forestière, de la Cie des Chemins de Fer de L'Est et de la faculté de Nancy. Les derniers documents sont l'acte de vente établit le 17 décembre 1919 entre Henri Bellieni et Monsieur & Madame Ritter ainsi que l'inscription au registre du Commerce de la maison Ritter datant du 13 décembre 1920.
On y apprend que le bâtiment du 1 place Carnot appartient à Paul Collenot demeurant à Paris. Le premier bail remonte au 12 octobre 1895. En 1919, il loue, à la Maison Bellieni, l'ensemble du rez-dechaussée, une cave, un grenier et une chambre de bonne en 3ème étage et le bâtiment de l'écurie dans la cour. Le reste de l'édifice est loué à Monsieur Heuriot, rentier qui sous-loue les appartements en étage. Henri Bellieni loue deux pièces complémentaires à l'année à Monsieur Heuriot. La date du 12 octobre 1895 pour l'arrivée au 1 place Carnot est une information nouvelle. En effet, cette adresse n'est utilisée par la maison Bellieni qu'à partir de 1904. De là, deux hypothèses : il utilise le 1 place Carnot pour rapprocher sa menuiserie mentionnée dans sa présentation de 1889 ou plus simplement suite à la mise au point de sa jumelle stéréoscopique, il aménage des ateliers au 1 place Carnot en vue de leur fabrication. En 1904, l'évolution industrielle aidant, il quitte définitivement le 17 place Carnot et y regroupe l'ensemble de ses activités.

En 1919, les ateliers Bellieni utilisent dix moteurs électriques qui font fonctionner sept tours, dont trois parallèles, une fraiseuse, une scie circulaire et différentes machines à diviser les cercle, les lignes et les échelles. Il dispose aussi d'une forge.
L'acte de vente du 17 décembre 1919 est un acte qui clos une procédure débutée le 6 octobre 1919. Henri Bellieni et Paul Ritter se mettent d'accord sur la transaction. Ils évaluent alors le stock à 129 027,55 frs. et se mettent d'accord sur le prix du fonds et sur le coût du droit au bail pour 50 000 frs chacun. Soit une transaction totale de 229 027,55 frs. Il est convenu entre les deux hommes de régler 80 000 frs cash, le reste de la somme devant être payé par annuités de 15 000 frs et produira des intérêts au taux de 5% par an à compter du 6 octobre 1919. Cette transaction garantit un revenu annuel de 15 000 frs sur dix ans à la famille Bellieni.
Après le rachat de la maison Bellieni par la famille Ritter, Paul Ritter attendra un an avant de s'enregistrer au registre du commerce le 13 décembre 1920. Suite au départ en retraite de Henri Bellieni en 1924, la partie négoce est conservée, ainsi que les ateliers de fabrication avec le personnel afin de développer services, entretien et dépannage. Paul Ritter décède en 1934 et transmet son entreprise à deux de ses fils, Louis Ritter (ingénieur des Arts et Métier) et Henri Ritter (opticien). Le fils d'Henri, Robert Ritter rejoint l'entreprise et succédera à son père et son oncle. A la fin des années 80, l'utilisation de l'électronique fait fortement évoluer le métier d'opticien. En 1989, Robert Ritter décide de vendre son commerce. Le nouveau propriétaire restera sur la place encore une petite année avant de disparaître définitivement. Au décès de Robert Ritter, sa veuve Jacqueline Ritter se sépare d'une partie de sa collection et, en accord avec le CRI, met en dépôt dans ses salles climatisées les boîtes de photos provenant des greniers du 1 place Carnot. Aujourd'hui, ce fonds Bellieni est régulièrement enrichi par des dons provenant d'anonymes repentis ayant joué, tout petits, dans les greniers de la dite maison. Ainsi se termine le troisième article en complément de l'ouvrage ''Henri Bellieni ou l'histoire d'un industriel Lorrain''.

Le Trésor de la Maison Bellieni
Le Trésor de la Maison Bellieni
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(art004)

De 1855 à 1910, la maison Bellieni est présente dans les expositions du monde entier. Les distinctions obtenues par Henri Bellieni dans les expositions étrangères vont lui permettre de devenir en 1910 Chevalier de la Légion d'Honneur et en 1923 Officier du même ordre. Ces médailles dont les droits d'utilisation ont été rachetés en 1919 par Paul Ritter ont été conservées pour l'essentiel. Il ne manque que celle de l'exposition de Milan en 1906, de Nancy 1909 et les faces représentant des hommes politiques français. Ces manques peuvent provenir du chapardage, de la volonté de Henri Bellieni d'en conserver à titre personnel ou de leur non existence au profit d'un diplôme. Que dire de plus devant un tel trésor… Je vous laisse parcourir ces 6 pages d'un témoignage exceptionnel sur une période révolue. .

Dernières précisions sur Bellieni
Dernières précisions sur Bellieni
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(art005)

Bellieni en Russie
M. Younitzky est Garde général des Forêts Russes. Il a fait ses études à l'école forestière de Nancy. Il souhaite répandre l'utilisation de la photographie stéréoscopique dans le suivi des massifs forestiers. La comparaison des clichés pouvant mettre en valeur les différences apportées par l'é volution naturelle.
Après quelques essais avec du matériel courant, il demande à Henri Bellieni de lui concevoir un appareil spécial dont une trace est restée dans les bulletins de la Société lorraine de photographie.
C'est donc le 20 novembre 1903, que Henri Bellieni présente cet appareil stéréoscopique de format 2 x 9 x 12.
Le magasin est du même principe que les magasins des appareils stéréoscopiques, ses dimensions ont été revues afin d'y intégrer dix huit plaques 9 x 12 en lieu et places des plaques 8 x 9.
L'obturateur est celui des appareils stéréoscopiques avec mécanisme de réglage Linhoff. Les objectifs sont des Zeiss de 95 mm de foyer (soit des grands angles). Ils sont distants de 72 mm. Compte tenu des photos à réaliser et du choix des objectifs, l'appareil réglé sur l'infini ne dispose pas de mise au point.
Le décentrement vertical est de 35 mm, il permet de corriger les aberrations optiques. Le fait d'utiliser les blocs obturateurs des jumelles stéréoscopiques permet aux compléments optiques télé-négative de 27 mm de s'adapter naturellement pour les photos au téléobjectif.
Sur son côté gauche, l'appareil est muni d'un viseur Galilée à décentrement de l'oeilleton. Sur son côté droit et sur la partie supérieure, sont montés deux viseurs pour le téléobjectif. Enfin l'appareil est muni d'un niveau à bulle pour le réglage en station horizontale, de trois écrous de pied et deux vis permettant le maintien d'un clisimètre afin de maîtriser l'inclinaison de l'appareil lorsque cela est nécessaire.
Henri Bellieni dit avoir réalisé trois accessoires complémentaires, le premier est un graphomètre, qui en se fixant sur l'écrou de pied en partie supérieure, permet de déterminer avec exactitude les angles de prises de vues pour le recouvrement, le deuxième est un jeu de châssis pour le développement et le troisième un stéréoscope en carton dimensionné pour regarder les clichés 9 x 12.

Jumelle 9 x 12 à double décentrement
Ce modèle de jumelle est le premier fabriqué par Henri Bellieni. Il dispose de différences extérieures notables avec les modèles que l'on trouve le plus souvent. Extérieurement, la poignée du magasin la masse, sa section est de type rectangulaire. Les poignées à section octogonale arrivent avec le modèle 8.5 x 9 en 1900.
Le viseur ne dispose pas encore des deux pendules intégrés pour faciliter la mise en position de l'appareil. En séparant le magasin du corps, on peut trouver, lieu et place du numéro de série, un numéro d'appairage frappé dans la même police de caractère que celle utilisée sur les modèles de jumelles stéréo à magasin fixe. (Pour information je dispose d'un modèle plus récent ayant lui aussi le numéro 11 frappé en petite police de caractère servant à la frappe des numéros de série).
Dernière différence et non des moindres, la fermeture du magasin. Sur les modèles généralement retrouvés, une broche permet de verrouiller le couvercle du magasin après chargement. Ici, ce verrouillage est plus simple et se fait à l'aide de deux verrous extérieurs. Ce modèle ne dispose malheureusement optique d'origine qui devait être un anastigmat 136 mm F8 et non le Protar 110 mm F8 présent.

Evolution des jumelles 8.5 x 9 à double décentrement
En 1900, lorsque Henri Bellieni fabrique les premières jumelles 8.5 x 9 à double décentrement, il utilise des équipements standards qui évolueront lors des fabrications successives. Ainsi la comparaison entre le modèle n°17 et le modèle n° 7536 permet de mettre en évidence de petites différences. La plus évidente est la taille du compteur d'images monté sur le magasin. Avec le progrès, le compteur d'image est passé de 41 x 41 en 1900 à 33 x 33 en 1905. La seconde sont les dimensions du viseur plus haut de 5 mm sur le modèle 1900. Cette hauteur de viseur permettait de fixer le petit niveau à bulle ment directement devant celui-ci (voir les vis de fixation sur les photos de la page suivante).

Jumelle 9x12 avec objectif Berthiot
Lorsque Henri Bellieni cède son entreprise à Paul Ritter, son stock n'est que de 16 appareils montés et prêts à la vente. En revanche, le stock comprend des appareils à terminer comme 28 jumelles stéréoscopiques, 46 jumelles diverses, 16 jumelles spéciales et universelles et 3 extra-plat (infos acte de vente) ainsi que 106 objectifs. Dans les deux catalogues édités par Paul Ritter, il y est mis en avant l'extra-plat. De l'ancienne gamme, il ne reste que les stéréo- panoramiques et les jumelles à double décentrement. Il est probable que ces catalogues soient à l'image du stock restant à vendre. Paul Ritter avec Henri Bellieni revoit l'extra-plat dont ils vont faire fabriquer le châssis par Demaria Lapierre et terminer dans leur atelier. Il essaie de trouver des solutions pour terminer et ven dre au cas par cas les jumelles d'ancienne génération provenant du stock historique. C'est certainement avec ces hypothèses que la jumelle ci-contre a été construite. Des éléments de détails laissent à penser que ce premier n'a pas abouti et que cette jumelle n'a jamais fait de photo. L'objectif semble coincé par une erreur de soudure et l'état général correspond à un modèle dépouillé pour en réparer d'autre.
Dans l'ouvrage « Henri Bellieni histoire d'un industriel lorrain », le modèle présenté avec un obturateur Compur est plus abouti. Il dispose, lui aussi, d'un objectif Berthiot et d'une cale permettant de corriger la position de l'obturateur.

Jumelle stéréo 9x18
L'existence de cette jumelle a été retrouvée sur un site de vente aux enchères. Sa description est assez sommaire mais les numéros 64577 et 64578 des objectifs correspondent à un lot de seulement deux objectifs Protar 110 mm f8 acheté par la maison Bellieni à la maison Zeiss. Cet appareil est équipé de châssis porte plaque en lieu et place du magasin fixe. Son système de visée est centré entre les objectifs alors qu'il est décalé sur les modè les de série afin de permettre le montage du viseur pour téléobjectif.
Nous sommes certainement devant une commande spéciale et un modèle unique réalisé dans l'urgence en août 1903 par la maison Bellieni.

Box tropical 9 x 12 (1899 -1901)
Cet appareil a été attribué à la maison Bellieni par une salle des ventes allemande en 2008. La photo mise à disposition dans le catalogue ne fait apparaître aucune plaque de constructeur mais l'utilisation d'un obturateur Linhof et d'un objectif 103 mm de chez Zeiss semble en attester la provenance. En effet, l'objectif grand angle 103 mm f/9 a été développé par Zeiss pour la maison Bellieni et fabriqué exclusivement pour elle. La monture de l'objectif est identique à la monture utilisée dans l'agrandisseur solaire sur pied 20 x 30 du constructeur (voir ouvrage cité).

A propos des numéros de série
Depuis l'article « Tous à vos Bellieni », paru dans le numéro 153 de Res Photographica, j'ai pu référencer plus de 225 appareils Bellieni avec leurs principaux numéros de série que ce soit sur les boîtiers, les obturateurs ou les objectifs. Cette base de données permet d'identifier 4 périodes :

- La première avant 1896 est composée principalement de chambres en bois et appareils à joues. Seules les références des objectifs y apparaissent.

- La deuxième de 1896 à 1900 conserve la rigueur de numérotation des objectifs, et voit apparaître sur les fabrications des numéros d'appai rage et de série. Très vite, Henri Bellieni grave un numéro sur les obturateurs des jumelles mono et stéréo. Cette indication nous permet de sa voir qu'à cette période il fabrique et commercialise entre 400 et 500 appareils par an. En 1899 il développe la gamme des jumelles à double décentrement, chaque gamme dispose d'un numéro de série propre et indé pendant.

- La troisième de 1901 à 1914 va voir se profiler un numéro de série unique, toutes gammes confondues. Le plus petit numéro retrouvé correspond à une jumelle 9 x 12 à double décentrement N° 5218, le plus grand numéro correspond à un extra-plat modèle 1913 N° 8998.

- La quatrième est la dernière période, 1919 à 1934, correspond à la succession Ritter. Le plus petit numéro retrouvé correspond à un extra-plat 9 x 12 1920 N° 9126, le plus grand numéro correspond à un extra -plat 9 x 12 1920 N° 10723. Dans cette période, deux modèles 10 x 15 m'ont été indiqués, ils portent un numéro supérieur à 17000, 17249 et 17432. Il manque 3000 appareils !

En s'attardant sur la charnière entre la deuxième et la troisième période, on remarque le manque d'environ 3000 numéros.
Sur le site du Conservatoire Régional de l'Image de Nancy, on apprend qu'à fin 1905, la maison Bellieni a fabriqué près 8000 jumelles dont 3000 pour les Etats-Unis. La prise en compte du travail de référencement des objectifs Zeiss réalisé par Hartmut Thiele, nous amène à la conclusion que l'entreprise Zeiss a fourni à la maison Bellieni 1420 objectifs sur l'année 1900 et 1016 sur l'année 1901 soit des quantités cohérentes avec une hypothèse de vente de 500 à 700 appareils par an.

Goerz, un nouveau fournisseur ?
Ces différentes données permettent de poser l'hypothèse que, suite à une commande importante pour les Etats Unis, certainement passée dans le cadre de l'Exposition universelle de 1900 à Paris, Henri Bellieni s'est trouvé confronté à un problème d'approvisionnement en objectifs. Il se tourne alors vers l'entreprise Goerz. Celle -ci peut fournir. Cette commande importante (estimée entre 4000 à 5000 pièces) est un point de départ plausible pour une rencontre avec l'ingénieur Anschütz. On peut rappeler que le travail entre les deux hommes a permis la production des jumelles universelles et des appareils de poche.

Un problème de cohérence entre les numéros de série et les numéros d'objectifs ! La comparaison chronologique des numéros d'objectifs et des numéros de boîtiers sur la troisième période met en évidence que l'ordre de fabrication ne suit pas l'ordre d'attribution des objectifs fabriqués par Zeiss.
Pour exemple, deux appareils : la jumelle à double décentrement 10 x 15 N°7332 est équipée d'un objectif N° 123 412 fabriqué en 1909. La jumelle universelle 9 x 12 N° 7560 est équipée d'un objectif N° 40 467 fabriqué en 1900.
L'analyse croisée des informations émanant des appareils retrouvés et du travail de Hartmut Thiele permet d'évaluer entre 8400 et 8500 le nombre d'objectifs achetés par Henri Bellieni à la maison Zeiss. En retirant les objectifs spéciaux, grand-angle et téléobjectifs, cette évaluation est en cohérence avec une production de 6000 appareils dont un tiers de stéréo, soit l'ensemble de la production entre 1896 et 1914 (dernier extraplat N° 8998), hors la commande pour les Etats Unis.

Une fabrication en grande série, un montage et une mise en vente au détail ?
La réalisation des 3000 appareils en un temps record pour les Etats-Unis a certainement obligé Henri Bellieni à mettre en oeuvre des moyens industriels importants. Il semble qu'il ait utilisé ces moyens pour réaliser dans un premier temps 2000 à 3000 boî- tiers supplémentaires qu'il équipe au fur et à mesure de leur mise en vente entre 1901 et 1904. Suite à la création des nouveaux modèles pour sa collection 1905, il relance une série importante de boîtiers qui vont lui permette de vendre des appareils jusqu'en 1912, année où il crée l'extra-plat en vue de redynamiser son entreprise et la transmettre à son fils.
L'histoire en décidera autrement. .

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